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Touboulic Pierre-Marie

Ce blog concerne la vie d'un brestois du XIXe siècle, Pierre-Marie Touboulic: ses activités, ses relations professionnelles et personnelles.

Instruction sur le clinomètre de Touboulic

Publié le 8 Février 2014 par Le Mell in instrument de marine, clinomètre, différentiomètre, Brest

extrait de l'ouvrage de Gustave Lugeol de 1848: "Nouveau système d'arrimage des bâtiments de guerre français"

INSTRUCTION SUR LE CLINOMETRE TOUBOULIC

Instrument essentiel aux bâtiments arrimés d'après le principe décrit dans ce traité.

Il y a trois choses à considérer :

  1. Le bien régler ;

  2. Le bien placer ;

  3. S'en bien servir

Le bien régler.

La condition à remplir est que les deux aiguilles soient exactement horizontales, ou toutes deux sur le numéro 60, lorsque les deux colonnes de mercure sont égales dans les deux godets.

Pour y avenir, il faut enlever les deux godets à la fois avec leur tube de jonction : les poser sur une table , prendre un petit point bien distinct sur une des crémaillères et sa hauteur exacte au-dessus du godet ; dévisser la partie supérieure de ce godet ; enlever la crémaillère avec son flotteur et les porter dans l'autre godet ; bien visser cette partie supérieure ; voir de nouveau la hauteur exacte au-dessus d'elle du petit point distinct de la crémaillère, prendre la demi-différence des deux hauteurs ; l'ajouter à la plus faible des deux pour en avoir une moyenne, qui devra être absolument la même à chaque godet; lorsque le tube de jonction sera horizontal, lorsque les deux colonnes de mercure dans les godets seront tout à fait égales.

On fait une marque au point de la hauteur moyenne, et l'on remet tout en place.

Maintenant, si l'on tient l'instrument perpendiculaire à l'horizon, on voit quel côté il faut lever pour mettre le point marqué sur la crémaillère, à la hauteur moyenne ; on va doucement.

Ceci obtenu, on met avec les doigts les deux aiguilles sur le n° 60 sans déranger les crémaillères .

Les aiguilles sont alors horizontales et l'instrument est rectifié.

Il y a alors une opération de géométrie à faire. On prend la demi-somme des longueurs du portant sur terre et de la ligne de flottaison : ainsi, pour une frégate de 50 :

Portant sur terre …... 48m40

Ligne de flottaison ... 53 00

Somme ….... 101 40

½ somme …... 50 70

On mesure très-exactement l'écatement des axes des deux godets, ou la distance qui sépare les deux crémaillères, ce qui revient au même ; qu'elle soit de 0m60, par exemple, et la différence du tirant d'eau égale à un mètre :

On a, par les triangles semblables,

La demi-somme ci-dessus ou 50m70:0m60::1m00:x ; x étant la quantité dont un des godets doit baisser ou lever par rapport à l'autre, pour mettre le tube de jonction parallèle à la quille.

Mais, comme cela est très-difficile à exécuter dans la pratique ; il faut prendre aussi exactement que possible la longueur totale de la base du tableau ; qui porte les godets. Si on la suppose de 0m80, par exemple : on a la proportion.

50m70 : 0m80 :: 1m00 : x.

On trace sur une cloison verticale une ligne parfaitement horizontale ; on porte sur cette horizontale la longueur de cette base du tableau ; on élève à l'une des extrémités une perpendiculaire, sur laquelle on prend la valeur de x, et l'on joint le point d'arrivée à l'autre extrémité de la base 0m80.

Soit ab l'horizontale ; cd la longueur de la base du tableau sur co en mettant sur c le ppint le plus bas, l'extrémité arrière de cette base.

On voit alors comment ont marché les aiguilles ; la différence des nombres qu'elles indiquent sur les cadrans correspond nécessairement à 1 mètre de différence de tirant d'eau du bâtiment, et, comme tout est proportionnel, on en déduit les valeurs intermédiaires, en divisant ces deux quantités par le même nombre. On fait une petite table ainsi conçue :

DIFFERENCES

en centimètres

ANGLES

correspondants ou différence donnée par les aiguilles

Elle commence à 20 ou 30 centimètres environ au-dessus du plus petit tirant d'eau, et va autant au-dessus.

Ces opérations étant terminées on transporte l'instrument à bord, en le tenant verticalement et fermant le robinet pour interrompre la communication du mercure entre les godets.

Bien placer l'instrument

On prend par un beau temps calme le tirant d'eau extérieur. On cherche la différence exprimée en centimètres dans la première partie de la petite table ci-dessus, et l'on a dans la seconde partie la différence que doivent alors marquer les aiguilles.

On cherche à bord une cloison menée parallèlement au plan perpendiculaire à l'horizon, dirigé selon la quille.

Le point pris dans cette cloison, pour fixer l'instrument, est d'autant plus avantageux, qu'il se rapproche davantage du milieu de la longueur du bâtiment.

L'instrument est assujetti contre la cloison par trois fortes vis ; on place d'abord celle du milieu, puis on incline ; on fait baisser la partie arrière du tableau jusqu'à ce que les aiguilles marquent exactement la différence correspondante à celle du tirant d'eau trouvée. On reprende deux ou trois fois la différence du tirant d'eau extérieurement en faisant porter l'équipage de l'avant et ensuite de l'arrière.

On a l'attention de le faire rester au repos un moment, pour donner au bâtiment le temps de changer d'assiette et de s'arrêter.

Il arrive toujours que par un changement de poids subit, du centre par exemple vers les extrémités, un bâtiment éprouve des oscillations dans le sens de la quille : il faut donc attendre l'instant où elles ont cessé.

On s'assure que la différence donnée par les aiguilles correspond toujours exactement à celle du tirant d'eau pris extérieurement, et exprimée dans la première partie de la petite table. Cela étant obtenu, on fixe les deux vis des côtés et l'on n'a plus à s'en occuper pendant toute la campagne.

Pour s'en bien servir.

A la différence donnée par les aiguilles correspond toujours la différence du tirant d'eau prise dans la première partie de la petite table.

Le maître chargé de la cale est dressé à s'en servir, et tous les jours, en rade comme en mer, cet homme vient à huit heures du matin s'assurer que le bâtiment est bien à son tirant d'eau.

Il serait peit être exact d'appliquer le clinomètre contre une cloison qui garderait toujours sa perpendicularité malgré le roulis, mais c'est une expérience à faire. On n'a pu en pratiquer l'essai sur la Belle-Poule.

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